Dans notre communauté, un phénomène préoccupant prend de l’ampleur : des sœurs, souvent divorcées, mamans solos ou avancées en âge, envisagent la polygamie en islam non par conviction religieuse profonde, mais par désespoir ou contrainte. Écartées par certains frères qui privilégient des femmes jeunes, sans enfants, au « profil parfait », ces sœurs, fragilisées par leur parcours, finissent par accepter des propositions de mariage polygame sans enquêter sérieusement sur leur prétendant. Leur intention est noble : se préserver, se stabiliser, s’épanouir dans un cadre licite. Mais la précipitation peut les mener droit au cauchemar.
On a tous déjà entendu l’histoire bouleversante d’une sœur dupée, exploitée, puis lâchement abandonnée. Mariée en secret, privée de ses droits les plus élémentaires, elle se retrouve isolée, souvent après avoir tout donné. De ces récits poignants, un constat clair émerge : beaucoup de ces drames auraient pu être évités avec un minimum de vigilance, une enquête sérieuse et un cadre transparent. À travers cet article, notre équipe souhaite mettre en lumière la détresse de ces sœurs oubliées, rappeler les conditions d’une polygamie saine et juste, et adresser un rappel sincère à tout frère qui souhaite se remarier sans en avoir les épaules.
La polygamie en Islam : un cadre strict, pas une échappatoire
La polygamie en Islam : un cadre strict, pas une échappatoire
La polygamie en Islam est une sunna autorisée, mais strictement encadrée. Elle repose sur une condition claire posée par Allah سبحانه و تعالى, la capacité à être juste :
« Épousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre parmi les femmes. Mais si vous craignez de n’être pas équitables, alors une seule » (Sourate An-Nisa, verset 3).
Il ne s’agit pas seulement de répartir les nuitées ou les dépenses, mais d’offrir à chaque épouse respect, stabilité et considération. Le Prophète ﷺ, bien qu’ayant pratiqué la polygamie, l’a fait avec droiture, dans un cadre public, jamais dans le secret ni au détriment des droits d’une épouse.
Aujourd’hui, certains frères détournent cette permission à des fins personnelles : ils se lancent dans un second mariage sans préparation, sans cadre clair et parfois sans même informer leur première épouse. Bien que cette information ne soit pas une obligation formelle, en pratique, le secret devient souvent un terreau d’injustices, de tensions et de déséquilibres. Et c’est cette injustice qu’Allah سبحانه و تعالى condamne fermement.
La polygamie en Islam n’est pas un refuge pour fuir un conflit ou combler un vide personnel : c’est une tradition prophétique exigeante, réservée à ceux qui ont la capacité, la lucidité et la volonté sincère d’agir avec équité. Ceux qui manquent de stabilité, de transparence ou de préparation risquent fortement de tomber dans l’oppression, et doivent donc s’abstenir.
Devenir co-épouse : entre espoir et précipitation
Devenir co-épouse : entre espoir et précipitation
Beaucoup de sœurs musulmanes envisagent aujourd’hui la polygamie non pas par conviction religieuse profonde, mais comme une issue face à un sentiment de rejet. Divorcées, mamans solos ou avancées en âge, elles constatent que certains frères privilégient des profils plus courants : femmes plus jeunes, sans enfants, disponibles pour un premier mariage. Fragilisées par leur parcours, la solitude ou l’usure des refus, ces sœurs finissent parfois par accepter un mariage polygame dans l’urgence, alors qu’elles n’y auraient jamais songé quelques années plus tôt. Ce n’est pas un choix du cœur, mais une tentative de préservation — un moindre mal face au sentiment d’exclusion.
Elles espèrent y trouver une stabilité, une protection, un cadre licite. Mais lorsqu’il n’y a ni enquête sérieuse, ni cadre clair, ce mariage peut rapidement devenir une source de douleur plutôt qu’un refuge. Mariage en secret, dot partielle, absence d’équité, manque de considération… certaines co-épouses se retrouvent consommées puis abandonnées, effacées dès que la première épouse découvre le mariage ou que les tensions deviennent ingérables. C’est justement ce type de dérives que Zawaj Sounnah dénonce avec force : un mariage polygame ne doit jamais servir de plan B pour une sœur en détresse, ni de stratégie furtive pour un frère lâche. Cette sunna implique du courage, de l’intégrité et une honnêteté à toute épreuve. Ceux qui n’en ont pas la carrure devraient s’en abstenir.
Polygamie en islam : quand le mariage de rêve vire au cauchemar
Polygamie en islam : quand le mariage de rêve vire au cauchemar
Sous couvert de religion, certains frères profitent de la vulnérabilité de sœurs en difficulté pour leur proposer un mariage à leur avantage. Par peur des conséquences auprès de leur première épouse ou de leur famille, ils refusent d’assumer leur engagement publiquement. Plutôt que d’affronter la réalité, ils optent pour un mariage misyar, dans lequel ils demandent à la sœur de renoncer à certains droits fondamentaux. Ce compromis n’est pas toujours assumé clairement. Il est parfois présenté comme temporaire, ou justifié par des propos détournés comme :
- « L’homme n’est pas obligé d’informer sa première épouse »
- « Il faut patienter »
- « On officialisera plus tard ».
En réalité, il ne s’agit pas d’un mariage fondé sur la justice, mais d’une stratégie d’évitement. Et pendant ce temps, la sœur devient une épouse à part. Sa dot est parfois incomplète, ses nuitées ignorées, son statut flou. Consommée dans l’union mais jamais intégrée dans une véritable vie conjugale, elle se retrouve seule, sans protection ni reconnaissance. Et lorsque la vérité éclate, souvent après des mois de silence, c’est elle qui paie le prix fort : rejetée, isolée, parfois même divorcée sous la pression de la première épouse. Cette injustice flagrante ne doit plus être tolérée.
Polygamie en Islam : les étapes indispensables avant de s’engager
Polygamie en Islam : les étapes indispensables avant de s’engager
La polygamie, bien que licite, ne s’improvise pas. Pour qu’elle demeure une sunna bénie et non une source de souffrance, elle doit reposer sur un cadre rigoureux, une intention sincère et une mise en œuvre responsable. Voici quelques repères essentiels, à destination des frères comme des sœurs, pour éviter les dérives les plus fréquentes.
Frère polygame : ton second foyer est une amanah, pas un caprice
La polygamie n’est pas un droit à prendre à la légère, mais une lourde responsabilité devant Allah سبحانه و تعالى. Ce n’est pas un refuge contre l’ennui, ni une échappatoire à tes frustrations personnelles. Si tu choisis de t’engager dans un second mariage, fais-le avec rigueur, justice et sincérité.
- Fais un vrai bilan de toi-même : as-tu la capacité financière, émotionnelle et spirituelle d’assumer équitablement plusieurs foyers ? Si le doute persiste, alors retiens-toi.
- Sois clair et honnête dès le départ : le mensonge n’a jamais fait partie de la sunna. Un mariage caché est souvent le signe d’un projet mal intentionné.
- Entoure-toi de conseils éclairés : consulte les gens de science et les personnes sages. Trop de frères agissent sur un coup de tête, poussés par le désir, sans préparation ni vision à long terme.
- Souviens-toi que tu rendras des comptes : chaque injustice, chaque blessure causée à l’une de tes épouses sera pesée le Jour du Jugement. Si tu n’es pas prêt pour cette épreuve, ne t’y engage pas.
Seconde épouse : ne sacrifie pas tes droits, qu'importe la situation
Ton besoin d’amour, de stabilité ou de protection est légitime. Mais cela ne doit jamais t’amener à brader ta dignité ou à accepter un mariage flou, dissimulé ou injuste. Un vrai mariage, même polygame, reste un cadre d’honneur, de respect et de droits préservés.
- Enquête avec sérieux : qui est vraiment cet homme ? Est-il transparent sur sa situation, ses intentions, ses moyens ? A-t-il parlé à sa famille ? À la tienne ? N’écoute pas que ses mots. Regarde ses actes.
- Pose un cadre clair et écrit : quelle est ta dot ? Où vivras-tu ? Comment les responsabilités seront-elles réparties ? Est-ce qu’il assume publiquement cette union ? Ce que tu ne clarifies pas avant, te coûtera plus tard.
- Ne te laisse pas guider par la peur d’être seule : la solitude peut être lourde, mais un mariage bancal, injuste ou caché l’est bien plus encore. Ne troque pas ta tranquillité d’âme contre une illusion de stabilité. Place ta confiance en Allah et refuse la précipitation. Et si tu as des enfants, sois d’autant plus vigilante : un mauvais choix ne te blessera pas seule, il les touchera aussi. Ta lucidité est une protection pour toi et pour eux.
- Prends le temps de consulter : Fais l’istikhāra, parle à des personnes de confiance, réfléchis sans pression. Un bon choix se construit dans la clarté, pas dans l’urgence.
Une polygamie assumée ou rien du tout
Une polygamie assumée ou rien du tout
Dans un contexte où certains abusent des textes pour justifier des comportements injustes, il est essentiel de rappeler les fondements véritables de la polygamie en Islam. Ce n’est ni un refuge émotionnel, ni un terrain d’expérimentation, mais un engagement lourd de conséquences devant Allah سبحانه و تعالى. Un homme qui souhaite prendre une seconde épouse doit remplir quatre conditions essentielles :
- avoir les moyens financiers de subvenir équitablement aux besoins de deux foyers
- faire preuve de justice et de stabilité sur les plans émotionnel, matériel et spirituel
- assumer son engagement publiquement, sans mensonge ni dissimulation
- garantir à chacune de ses épouses ses droits complets : dot, logement, nuitées, respect et considération.
S’il agit en secret, s’il craint les réactions, s’il manque de préparation ou fuit les responsabilités : qu’il s’abstienne. La polygamie en Islam est une sunna noble, réservée aux hommes justes, responsables et sincères. Elle n’est pas permise à ceux qui manipulent, dissimulent ou blessent.
