Se marier sans subir la moindre contrainte, est-ce vraiment possible ? À première vue, le mariage misyar semble offrir cette liberté tant recherchée. Un engagement allégé, des responsabilités aménagées, et une union conclue selon les piliers du nikah… Mais derrière cette simplicité apparente se cachent des risques importants que tout prétendant(e) se doit de considérer avec sérieux. Surnommé « le mariage de voyage » ou encore « le mariage simplifié », le mariage misyar suscite à la fois un vif intérêt et de nombreuses interrogations au sein de la communauté musulmane. Mais de quoi s’agit-il exactement ? En quoi diffère-t-il du mariage traditionnel ? Quels sont ses avantages, ses limites et les conditions qui l’encadrent ? Autant de questions qui méritent des réponses claires et approfondies.
Lancée en 2021, la plateforme Zawaj Sounnah connaît parfaitement les défis auxquels sont confrontés les célibataires musulmans. Des moyens financiers limités, des responsabilités familiales trop pesantes ou encore l’urgence de préserver sa chasteté… voilà un rapide listing des motivations qui poussent certaines femmes musulmanes à choisir le mariage misyar, au détriment de leurs droits. Dans l’article qui va suivre, notre équipe se propose de décrypter en détail ce mariage pas tout à fait comme les autres. Nous reviendrons sur sa définition, ses origines, les avis des savants à son sujet et les risques qu’il comporte dans le contexte actuel. Un guide complet, élaboré à la lumière du Coran et de la Sounnah.
Qu’est-ce que le mariage misyar ?
Qu’est-ce que le mariage misyar ?
Le mariage misyar est un contrat valide sur le plan religieux, dans lequel la femme renonce volontairement à certains de ses droits, notamment :
- le droit à cohabiter avec son mari
- la prise en charge financière (logement, nourriture, vêtements)
- parfois même le partage équitable du temps si l’époux est déjà marié.
Ce type d’union conserve les piliers essentiels du mariage : consentement, tuteur, témoins, dot… Mais il adopte une forme inhabituelle, source de nombreuses controverses. Le mari n’est pas tenu de vivre avec son épouse ni de subvenir à ses besoins au quotidien, ce qui modifie profondément la dynamique conjugale.
Misyar ou mut’a : attention à la confusion
Il arrive que certaines personnes confondent le mariage misyar avec le mariage mut’a, pourtant propre au chiisme. Aucune confusion ne doit être faite entre ces deux unions, car elles diffèrent sur des points fondamentaux.
Le misyar est un mariage permanent, reconnu par certains savants et dans lequel la femme choisit, en pleine conscience, de renoncer à certains de ses droits, sans remettre en cause les piliers du nikah. À l’inverse, le mut’a repose sur une durée limitée définie à l’avance. Ce dernier n’est pas un mariage au sens légiféré du terme. Il est rejeté catégoriquement par l’ensemble de nos savants, car il contredit les objectifs profonds du mariage islamique. Sa nature contractuelle et éphémère le rapproche davantage de la fornication, voire même de la prostitution, qu’à une union sincère contractée devant Allah سبحانه و تعالى.
Pourquoi le mariage misyar existe-t-il ?
Pourquoi le mariage misyar existe-t-il ?
Les raisons de l’apparition du mariage misyar sont multiples et souvent liées aux réalités sociales et économiques des musulmans :
- des mariages coûteux devenus inaccessibles pour de nombreux jeunes.
- des dots excessives, notamment dans certains pays du golfe Persique.
- le besoin urgent de préserver sa chasteté.
- les mères célibataires qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas vivre avec un mari à plein temps.
- des hommes ayant un travail itinérant souhaitent se marier dans les pays où ils séjournent fréquemment, sans y établir un foyer stable.
- des femmes vivant chez leurs parents malades ou âgés, souhaitant se marier sans quitter le domicile familial.
Autant de contextes qui ont conduit certains à voir dans le mariage misyar une alternative halal quand les conditions du mariage classique ne sont pas réunies.
L’absence de consensus entre les savants
L’absence de consensus entre les savants
Le mariage misyar n’a jamais fait l’unanimité parmi les gens de science. Leurs avis se répartissent en trois grandes tendances.
Ceux qui le jugent permis :
- Sheikh Ibn Oubeïd رحمه الله, dans Fatawa ‘Ulama al-Balad al-Haram, considère que le mariage misyar est permis si les piliers du mariage sont réunis, à condition que le mariage soit annoncé et non dissimulé pour ne pas ressembler à la fornication.
- Sheikh Abdelaziz Ali Sheikh rejoint cet avis : si la walima est célébrée et que le mariage est connu publiquement, il est considéré comme valide.
- Certains évoquent également le cas de Sauda, épouse du Prophète صلى الله عليه وسلم, qui a cédé son tour de nuit à Aïsha رضي الله عنها — un exemple de renoncement volontaire à un droit conjugal, parfois utilisé comme analogie pour légitimer le misyar.
Ceux qui se sont abstenus :
- Sheikh Al-‘Uthaymine رحمه الله a d’abord considéré ce mariage comme permis, avant de suspendre son jugement, en raison des abus et de la mauvaise application du misyar par des personnes peu scrupuleuses.
Ceux qui le déconseillent, voire le rejettent :
- Sheikh Al-Fawzan حفظه الله déclare : « Nous ne le conseillons pas, car les objectifs du mariage ne sont pas atteints ». Il critique l’absence d’autorité du mari, la séparation physique et l’impact négatif sur les enfants.
- Sheikh Al-Albani رحمه الله, dans Ahkâm at-Ta’addud, s’oppose aussi à cette pratique pour deux raisons principales : l’absence de tranquillité partagée dans un foyer commun, et la faible implication paternelle dans l’éducation des enfants.
Cependant, aucun de ces savants ne va jusqu’à invalider un mariage misyar correctement contracté. Et tous s’accordent sur un point : la femme peut à tout moment réclamer l’ensemble de ses droits d’épouse, et son mari ne peut pas les lui refuser.
Une solution contextuelle, pas un modèle
Une solution contextuelle, pas un modèle
Comme l’a résumé Sheikh Souleymane Ar-Rouhayli, la majorité des savants voient dans le mariage misyar un mariage permis, en particulier pour ceux qui craignent de tomber dans le haram et ne sont pas encore en mesure d’assumer toutes les responsabilités d’un foyer classique. C’est une solution d’ajustement, rendue nécessaire par les réalités de notre époque, mais le but n’est jamais de rester indéfiniment dans cette configuration.
Quand les conditions de vie s’améliorent, il est impératif pour le couple de revenir à une vie conjugale complète, sous un même toit, dans un foyer de stabilité, d’intimité et d’engagement.
La position de Zawaj Sounnah sur le mariage misyar
La position de Zawaj Sounnah sur le mariage misyar
Le mariage misyar est une union valide sur le plan religieux et une alternative de choix pour les personnes ne pouvant pas s’engager dans un mariage classique. Sa bonne mise en pratique implique malgré tout une bonne intention, un cadre clair et surtout la volonté de construire, dès que possible, un mariage conforme à la Sounnah. C’est-à-dire une union fondée sur la miséricorde, le soutien mutuel et le vivre ensemble.
À l’époque actuelle, ce type de mariage présente des risques importants. Nombreuses sont les femmes à en ressortir blessées, trahies par un mari qui n’a pas su les honorer, ni préserver leur dignité. Chez Zawaj Sounnah, nous conseillons donc aux sœurs qui auraient envie de contracter un mariage misyar de bien comprendre les enjeux qu’il comporte avant de s’y engager. Ne laissez pas des circonstances temporaires vous pousser à abaisser vos exigences. L’islam vous a donné une place précieuse : ne la bradez pas. Besoin d’une aide pour vous marier à la lumière du Coran et de la Sounnah ? Faites confiance à Zawaj Sounnah, la plus grande plateforme de rencontre sans mixité.
Besoin d’approfondir le sujet ?
Une vidéo complète intitulée « Le mariage misyar (ou quand la femme renonce à ses droits) », animée par Slim ibn Hadi, est disponible sur notre chaîne YouTube. Elle éclaire en profondeur ce thème essentiel à la lumière du Coran et de la Sounnah.
